Règles de la communication

On croit souvent, à tort, que l’informatique et internet change les règles de la communication entre les humains. Il n’en est ! Ce n’est pas parce que l’information est virtualisée que les échanges entre les hommes échappent aux lois habituelles de la compréhension. Ces lois, déjà connues et codifiées par les romain, nous ont été brillamment rappelées par Boileau en son temps.

Revoyons donc ces règles énoncées par Boileau, et voyons-en l’application.

Craignez d’un vain plaisir les trompeuses amorces,

Et consultez longtemps votre esprit et vos forces.

Attendez donc d’avoir quelque chose à dire avant d’écrire votre rapport !

Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,

Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime ;

Aimez donc la raison ; que toujours vos écrits

Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix.

N’écrivez pas n’importe quoi !

La plupart, emportés d’une fougue insensée,

Toujours loin du droit sens vent chercher leur pensée

Ils croiraient s’abaisser, dans leurs vers monstrueux,

S’ils pensaient ce qu’un autre a pu penser comme eux.

Le but n’est, en aucun cas, de chercher à être original !

Un auteur quelquefois, trop plein de son objet,

Jamais sans l’épuiser n’abandonne un sujet.

Fuyez de ces auteurs l’abondance stérile,

Et ne vous chargez point d’un détail inutile.

Tout ce qu’on dit de trop est fade et rebutant ;

L’esprit rassasié le rejette à l’instant.

Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.

Ne vous perdez pas dans les détails inutiles. Évitez les phrases pompeuses et vides.

On lit peu ces auteurs, nés pour nous ennuyer,

Qui toujours sur un ton semblent psalmodier.

Il n’existe pas de rapports types dans lesquels il suffirait de remplir les vides. Votre rapport doit s’adapter à votre sujet !

Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée

Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée.

Votre style d’écriture est essentiel. Votre texte doit être plaisant à lire et agréable à l’oreille.

Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,

Mon esprit aussitôt commence à se détendre ;

Et, de vos vains discours prompt à se détacher,

Ne suit point un auteur qu’il faut toujours chercher.

Il ne faut pas attendre la dixième page pour entrer dans le vif du sujet.Dés le début, le lecteur doit savoir sur quoi porte le rapport et quels sont lespoints que vous compter développer.

Il est certains esprits dont les sombres pensées

Sont d’un nuage épais toujours embarrassées ;

Le jour de la raison ne le saurait percer.

Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.

Selon que notre idée est plus ou moins obscure,

L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Restez simple ! La pensé humaine est linéaire, veillez donc à exposer une idée à la foi. Évitez les sous-entendus et les idées qui renvoient à une foultitude d’autres.

Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,

Et ne vous piquez point d’une folle vitesse.

Un style si rapide, et qui court en rimant,

Marque moins trop d’esprit que peu de jugement.

Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage

Polissez-le sans cesse et le repolissez

;Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

Commencez au plus tôt votre rédaction de telle sorte de ne pas être pressé par le temps. Tentez d’employer des phrases courtes qui vont à l’essentiel. Ne faites pas de remplissage, bien au contraire allégez au maximum votre texte.

Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;

Que le début, la fin, répondent au milieu ;

Que d’un art délicat les pièces assorties

N’y forment qu’un seul tout de diverses parties,

Que jamais du sujet le discours s’écartant

N’aille chercher trop loin quelque mot éclatant.

Votre rapport traite d’un seul sujet, bien précis. Pour intéressants qu’ils soient, ne vous laissez pas emporter à traiter d’autres sujets que de celui sur lequel porte votre rapport

L’ignorance toujours est prête à s’admirer.

Faites-vous des amis prompts à vous censurer ;

Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue.

Aimez qu’on vous conseille, et non pas qu’on vous loue.

Faites relire et critiquer votre travail. Acceptez la critique, elle vous permettra d’améliorer votre œuvre.

Vos froids raisonnements ne feront qu’attiédir

Un spectateur toujours paresseux d’applaudir,

Et qui, des vains efforts de votre rhétorique

Justement fatigué, s’endort ou vous critique.

C’est en premiers lieu à vos conclusions que s’attachera votre lecteur.C’est donc à elles qu’il faut s’attacher avant tout.

Que dès les premiers vers, l’action préparée

Sans peine du sujet aplanisse l’entrée.

Le sujet n’est jamais assez tôt expliqué.

Que le lieu de la scène y soit fixe et marqué.

Le sujet de votre rapport doit être clairement exposé dés le début. C’est la raison d’être de votre introduction.

Le théâtre, fertile en censeurs pointilleux,

Chez nous pour se produire est un champ périlleux.

Un auteur n’y fait pas de faciles conquêtes ;

Il trouve à le siffler des bouches toujours prêtes.

Chacun le peut traiter de fat et d’ignorant ;

C’est un droit qu’à la porte on achète en entrant.

Souvenez-vous que votre travail sera lu et critiqué. Il est le support qui va guider votre interlocuteur lors d’une éventuelle réunion. Attachez vous donc à n’aborder que les sujets que vous maitrisez réellement.

Et que tout ce qu’il dit, facile à retenir,

De son ouvrage en nous laisse un long souvenir.

Votre travail doit être facile à comprendre et à retenir. Attachez-vous à en donner un résumé qui aidera la compréhension du lecteur et facilitera la mémorisation de votre idée directrice.

Sans tous ces ornements le vers tombe en langueur,

La poésie est morte ou rampe sans vigueur,

Le poète n’est plus qu’un orateur timide,

Qu’un froid historien d’une fable insipide.

Votre rapport doit exposer une idée intéressante. Une simple accumulation de faits et d’idées creuses est sans intérêt.

D’un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre

Rend un poème entier ou burlesque ou barbare.

Prêtez une attention toute particulière aux mots que vous employez. Ils conditionnent l’idée que le lecteur se fera de vous au travers de votre texte.Les titres sont particulièrement importants. Vous serez catalogué, sans l’avoir voulu, en fonction de ceux que vous aurez choisis.

Donnez à votre ouvrage une juste étendue.

Que le début soit simple et n’ait rien d’affecté.

Que produira l’auteur, après tous ces grands cris ?

La montagne en travail enfante une souris.

N’abordez pas, dans votre introduction, des points que vous éludez en-suite. Vous vous discréditeriez. Écrire, c’est passer un contrat avec son lecteur.Tenez vos engagements !

Un poème excellent, où tout marche et se suit,

N’est pas de ces travaux qu’un caprice produit :

Il veut du temps, des soins ; et ce pénible ouvrage

Jamais d’un écolier ne fut l’apprentissage.

Que l’action, marchant où la raison la guide,

Ne se perde jamais dans une scène vide ;

Vos idées doivent s’enchainer dans un ordre logique.

Mais, dans l’art dangereux de rimer et d’écrire,

Il n’est point de degrés du médiocre au pire ;

Un fou du moins fait rire et peut nous égayer ;

Mais un froid écrivain ne sait rien qu’ennuyer.

Si c’est mauvais, c’est mauvais ! Reprenez vos idées et remettez vous à l’ouvrage.

Où sont ces grands guerriers dont les fatales ligues

Devaient à ce trajet opposer tant de digues ?

Est-ce encore en fuyant qu’ils pensent l’arrêter,

Fiers du honteux honneur d’avoir su l’éviter ?

Auteurs, pour les chanter, redoublez vos transports ;

Le sujet ne veut pas de vulgaires efforts.

Ne cherchez pas à esquiver les sujets difficiles. On vous sera reconnaissant de les avoir abordés au mieux de vos possibilités.